„Rendons grâce au Seigneur car il est bon!“
Quand on parle de grâce, on pense naturellement à une réalité accordée à un individu, sans aucun mérite en lui. Elle peut être synonyme de don offert à quelqu’un gratuitement, sans aucun effort initial de sa part. Mais elle évoque aussi quelque chose de surhumain qui dépasse la nature humaine. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. La grâce, c’est aussi « la manifestation généreuse de l’amour de Dieu envers le pécheur coupable qui méritait la mort ». Elle nous donne la puissance pour vivre sobrement. Elle est l’expression de l’amour infinie et compatissante de notre Dieu plein de miséricorde.
La grâce, une perception par la foi et l’obéissance
Dans la vie de Jésus, l’obéissance vient en premier. Nous aussi pour croître nous avons besoin d’un cœur obéissant à Dieu et d’avoir un caractère qui accepte l’obéissance. Et la parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. Et nous avons contemplé sa gloire ; une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. Se soustraire à l’obéissance à Dieu, c’est se priver de sa grâce. La grâce nous donne le pouvoir de dire « non » au mal et tendre vers le bien. La grâce de Dieu nous remplit de zèle pour accomplir les bonnes œuvres et nous donne la capacité d’obéir à la parole de Dieu, aux commandements de Dieu.
Les occasions d’action de grâce
La grâce est dans son fond un bienfait dont la gratuité transcende l’entendement. Celle-ci ne s’observe pas seulement à son origine ; elle accompagne l’être dans tout ce qu’il est et dans tout ce qu’il fait. Ainsi, il y a plusieurs occasions de rendre grâce au Seigneur : la création, œuvre d’amour ; la vie, don de Dieu, les sacrements. Nous avons également les différentes visites de Dieu au quotidien et la constitution de la communauté de foi et des disciples constituée au sein de la Mission.
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La création : une œuvre d’amour de Dieu
À la lumière de l’Écriture, la Création apparaît comme l’œuvre de Dieu qui maintient l’univers et le conduit. Au cœur de cette Création qui est bonne et au sein de laquelle se trouve l’homme, Dieu seul est Dieu : en dehors de Lui, il n’existe point d’autre. D’après la Révélation judéo-chrétienne, Dieu est le Créateur absolu de l’univers (Ps 45, 18-25). Il l’a fait de manière libre et souveraine. La création jaillit de Dieu, s’enracine en Dieu et n’a d’autre source et fondement que Dieu seul. Elle est le fruit et l’objet de l’amour de Dieu libre et gratuit. Et toute la création est marquée par ce souffle de liberté, de gratuité et de bonté.
Voulue par Dieu, toute la création est bonne, elle exprime la bonté de Dieu et son désir de faire vivre l’homme de ce bonheur. La souveraine bonté de Dieu sur l’univers indique aussi sa totale maîtrise ; il est le Maître de toute la création, de l’univers visible et invisible, de l’espace et du temps, de l’histoire et de l’éternité. L’univers rempli de sa présence sanctifiante, vivifiante, libératrice, est un lieu de vie. Dieu est le Maître absolu de l’univers et ce monde est voulu par Dieu pour le bonheur de ses créatures.
La création part de Dieu, elle est motivée par son amour. Elle dit la nature de l’amour de Dieu qui est extase, don de soi, l’exploit, l’autre de manière réelle et irréversible. La vie de Dieu est donnée à jamais, son don est irrévocable et irréversible. L’objectif de la Création est la participation de l’homme au bonheur de Dieu. C’est ce que suggère l’expression « faisons l’homme à notre image ». L’homme est voulu, créé par Dieu pour être et vivre en Lui.
L’Alliance établit par Dieu entre Lui et l’univers, et par tous les hommes, est définitivement scellée et manifeste dans l’Incarnation, la mort, la résurrection, l’exaltation du Fils auprès du Père. Le devenir de la création est dans le Christ, préfiguré, scellé et garanti dans sa résurrection. De même que le Fils incarné est l’exégète de Dieu, de même il est l’archétype de l’homme, le contenu théologique et éthique de sa vie. Vivre pour l’homme dans le Christ et à sa suite, consiste à accueillir Dieu, à se donner à Lui et à vivre pour Autrui.
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Au fond de l’église de la Mission Catholique de Langue Française, nous pouvons contempler cette année une belle peinture de l’épisode de la Visitation du peintre et sculpteur français Arcabas. Tableau pouvant également être contemplé au Palais archiépiscopal de Malines-Bruxelles. Celui-ci laisse apparaître deux visages Marie et Elisabeth, sa cousine, qui se regardent, toutes deux enceintes, les bras ouverts et tournées vers le Seigneur. Il y a selon notre imagination Zacharie en arrière-fond et cette lumière nous poussant à la rencontre et à l’exultation. « Tout est grâce dans la rencontre de ces deux femmes : leurs mouvements, la joie sereine des visages » et le chant de l’action de grâce de la servante du Seigneur peut naître.
Action de grâces pour la visite et le salut de Dieu sur terre
Dieu est amour. Il offre toujours sa grâce. Celle-ci est essentiellement un bienfait dont la gratuité transcende l’entendement. Il n’hésite pas à venir dans la chair pour se faire rencontre et conversation. Le but premier et essentiel de la grâce divine, c’est la béatitude éternelle. Cette béatitude advient de façon immédiate et irréversible grâce à l’auto-communication divine à l’humanité. Le mystère de l’incarnation ou de Noël est le lieu le plus élevé du don absolu que Dieu a fait de lui-même à l’humanité. La visite de Dieu sur terre montre que c’est le donateur, en lui-même et par lui-même qui s’est donné à la créature comme son accomplissement. Cette union de la nature humaine à la nature divine constitue ce qui permet à l’homme de rêver dans son aventure avec son Créateur. Tout engagement de Dieu envers l’homme est un motif de joie.
Jubilation pour l’action de Dieu dans la vie de Marie
Lors de la visitation, Marie est louée par Elisabeth comme mère du Seigneur et comme celle qui sait accueillir sa Parole. L’expression de la réaction de Marie par son Magnificat fait écho du salut des pauvres, le renversement de l’échelle des valeurs et l’accomplissement de l’alliance du Seigneur. Elle n’hésite pas à reconnaître la visite et l’action de Dieu. Sa jubilation est une demande de la grâce en faveur du peuple en marche.
Et nous ! Comment ne pas oser rendre grâce ?
Cet amour mérite notre action de grâce. Notre merci. Car son amour nous sauve. « Combien ce tableau est évocateur aujourd’hui de l’élan vital présent dans la relation à l’autre : des regards qui se parlent, des visages non-masqués, des bras qui s’étreignent… pas de retenue, pas de question, juste être là l’un pour l’autre, l’une avec l’autre ». L’action de grâce nous pousse à la rencontre, à la sortie. À l’heure où le monde entier est en guerre comme dit le pape François, et en deuil, oserons-nous malgré la tentation du repli sur soi, ouvrir nos mains pour accueillir Dieu qui se fait don pour nous et donner ? Serions-nous capables aujourd’hui comme Marie d’aller avec empressement chez la ‘cousine’, ‘le frère’, ‘la sœur’ qui a besoin d’un signe ou d’une visite, ou de prendre le risque comme Dieu d’ouvrir grande notre porte à celui qui vient, à laisser tomber les masques ? Pour pouvoir participer à cette vie, la grâce est toujours suffisante pour tout homme. Mais son efficacité dépend de la collaboration de chacun, unique moyen de s’approprier personnellement, ce que le Christ a gagné pour nous universellement. Rendons grâce à Dieu pour une si grande merveille, pour un si grand amour. Et demandons-lui la grâce de visitation, de la rencontre avec Lui et de l’accueil. Car « rendre grâce, c’est demander la grâce ».
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Saint Dominique : témoin de la grâce et contemplation du Christ en Croix
On dit de saint Dominique, père et fondateur de l’Ordre des Prêcheurs (Dominicains) qu’il apprenait toute chose à genoux au pied de la croix. La fresque de Fra Angelico le représentant au pied de la croix que nous pouvons contempler au fond de l’église de la Mission laisse voir l’ami du Seigneur embrassant la croix. Comme s’il voyait l’invisible, ses yeux scintillent évoquant une participation mystique à la vie et aux souffrances du Christ et à l’accueil de sa grâce pour le monde.
La croix de Jésus
La croix est une réalité qui a été présente durant toute la vie de Jésus. Toute son aventure se trouve placée sous le signe grave et douloureux de la croix : « Toute la vie du Christ fut croix et martyre ». Il l’accepte librement afin de donner la vie au monde. Elle est non seulement comme le signe de son amour pour les hommes mais aussi un trait d’union entre le ciel et la terre. Il donne sa vie par amour en s’offrant sur la croix.
La croix : une parabole de l’espérance pour Dominique
Dans les évangiles, Jésus utilise des paraboles pour annoncer la Bonne Nouvelle et pour faire connaître les mystères du Royaume. Le chemin de la croix est comme une parabole de l’espérance parce que c’est Dieu lui-même qui se fait connaître et veut réécrire l’histoire par nous. Réel appel à devenir un autre « Simon de Cyrène » pour aujourd’hui.
Ajustement aux besoins de son temps
En recevant tout au pied de la croix, Dominique est assez ajusté « au besoin urgent de son temps ». Dans ce monde du XIIIe siècle, il y a, comme le souligne le pape François, un double besoin : la nécessité d’une nouvelle évangélisation et l’appel à l’appel à la sainteté dans la communion vivante de l’Eglise.
S’ouvrir à la grâce et aux imprévus de Dieu
Comme Dominique ne sommes-nous pas appelés à cette contemplation et ouverture avec confiance à l’avenir ? La parole de l’évangile doit nous renouveler et faire lever notre communauté à accueillir la grâce de Dieu et son langage qui passe peut-être par un changement.
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La grâce unit
Le mercredi 14 février prochain, nous entrerons dans le temps de Carême et à travers le traditionnel rite de l’imposition des Cendres se révèlera encore ce Dieu qui fait grâce. La grâce unit. De même que la miséricorde. Elle ne divise pas. La grâce accueille. De même que la miséricorde. Elle ne rejette pas. Or le péché divise et rejette.
Le grande toile représentant « Le Retour du fils prodigue » du grand maître hollandais Rembrandt Harmenszoon van Rijn que nous trouvons dans l’église de la Mission laisse voir l’accueil que le père fait à son fils. Ce fils, figure de notre humanité qui a eu à rompre la relation filiale en abandonnant la maison de la grâce, se retrouve dans une situation misérable quand survient le temps de la famine dans le « pays éloigné » où il se retrouve. Mais pour se tirer d’affaire, il décide de se lever et de rentrer à la maison familiale. Son père l’accueille sans condition. Mais le fils aîné est au-dehors mécontent de la bonté de son père.
Au-delà des protagonistes du récit de Luc 15, 11-32 dont cette toile est l’écho, on peut noter qu’amour et vérité se rencontrent, miséricorde et grâce répandent la paix et la joie. Dieu est amour. Chaque pécheur a un avenir dans la grâce. Accueillir le pécheur n’est pas accueillir son péché ou le péché. Mais le gracier. La bonté est une opportunité où il n’y a pas de compétition. Très peu y adhèrent. Avec Dieu mon origine qui me produit comme la source produit la rivière, je me situe dans l’univers comme accueil permanent de l’Amour débordant du cœur du Père par le Fils dans l’Esprit.
N’est-ce pas pour nous aussi un temps favorable pour vivre dans l’action de grâce car l’amour du Seigneur est sans fin ? Fils et fille du Père Céleste, ne sommes-nous pas appelés à devenir à notre tour grâce et promesse de salut ?
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Cette belle représentation de la Cène du Seigneur, laisse voir Jésus, épiphanie de l’amour de Dieu entouré de ses disciples et amis. On peut apercevoir Jean reposer sur la poitrine de Jésus marquant ainsi le lien du disciple au Maître qui communique la grâce. La Cène rappelle l’amour jusqu’à l’extrême de Jésus qui a offert son Corps et son Sang afin de donner aux hommes la vie en plénitude. L’Eucharistie qui est une action de grâce révèle le mystère de sa Pâque et le don de sa vie. Ce repas du Seigneur est un repas qui donne vie, en ce sens que, Dieu se donne gratuitement à tous les hommes à travers son fils envoyé dans le monde
Eucharistie : Repas du Seigneur Ressuscité
L’Eucharistie qui est action de grâce est illuminée par le mystère pascal de Jésus-Christ. Jésus à la veille de sa mort, pris un repas particulier avec ses disciples et celui-ci devint comme le repas des repas. Il devint le repas par excellence. Ce repas est en fait, l’institution d’une nouvelle Pâque où, Jésus s’identifie lui-même avec l’agneau pascal afin de se faire nourriture. Son corps offert et son sang versé manifestent pleinement cette réalité. L’Eucharistie est donc un mémorial : « Faites ceci en mémoire de moi ». C’est un commandement que le Seigneur a donné lui-même à ses disciples. L’Eucharistie est un repas de communion, et un repas de l’alliance.
Foi et conversion
La grâce est une participation à la mort et à la résurrection du Christ, par la foi et le baptême (Ga 3, 26 ; Rm 6). La foi est précisément la réponse au message chrétien ; elle est une soumission, un accueil. Mais croire au message, c’est croire au Dieu tout-puissant qui a manifesté sa puissance en ressuscitant le Christ, puis à la Parole de Dieu. La foi est en relation étroite avec le baptême. Vivre dans le Christ, exister dans le Christ signifie donc que la vie du chrétien soit une vie découlant de son union avec le Christ qui en est la source, l’exemplaire, l’auteur par sa présence active dans le Christ. L’apôtre saint Jean montre que la foi est nécessaire pour avoir la vie éternelle. Cette vie éternelle anticipée ici-bas dans l’amour fraternel (1 Jn 4, 16) est la manifestation de communion à la vie des Personnes divines. Cette communion divine s’effectue, avant tout, dans la personne du Christ et par elle ensuite avec le Père puis avec l’Esprit. Le Christ est Médiateur entre les chrétiens et les deux autres Personnes de la Sainte Trinité.
La communion eucharistique représente pour la vie spirituelle ce que la nourriture matérielle est pour la vie du corps. Par cette union intime avec le Christ, la vie nouvelle de la grâce est augmentée en nous, les maux du péché sont guéris et nous recevons des forces pour notre traversée ici-bas.
A la suite de saint Augustin, l’Eglise désigne l’Eucharistie comme le « signe de l’unité » et le lien de la charité.
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Rendons grâce: se lever avec le Christ
Ce Crucifix se trouvant au parloir de la Mission (Gesprächszimmer) laisse apparaître le Christ en croix dans une forme aussi épurée et décharnée qui s’efface comme pour mieux faire comprendre que l’on doit s’anéantir, s’abaisser pour vivre la grâce et la joie pascale. Le vase évoque lui aussi une forme de dépouillement et surtout l’accueil de la vie qui se manifeste en cet homme du Vendredi Saint qui sommeillait dans le tombeau et soudain est apparu.
La nature, un don divin, nous présente un exemple extraordinaire de renouvellement.
Les feuilles se forment au printemps à partir des ébauches foliaires présentes dans les bourgeons. Le „débourrement“ marque le commencement d’une nouvelle phase de végétation. En hiver, la circulation de sève est partiellement interrompue, ce qui permet l’apparition des bourgeons et la croissance des jeunes feuilles. Comme le printemps, le Christ se lève et fait advenir le temps de la grâce. Désormais, l’arbre de la mort où Dieu saignait comme un fruit mur, pour nous a refleuri. Paix et joie. Abondance de la grâce pour le genre humain. L’espérance renaît car, la porte du jardin est réouverte par Dieu.
Devant la désespérance et la peur de l’avenir, la grâce agit sur ceux qui désirent apporter une nouveauté dans leur vie et laisser Dieu faire germer les fleurs de l’espérance.
La Création, source de louanges
La contemplation de la splendeur de l’univers conduit le croyant à la louange de Dieu (cf. Ps 8.19 : l’univers et tout ce qui s’y trouve est vu comme acte de Dieu). La création dans sa beauté est un message de Dieu (Ps 104). En effet, selon la pensée de l’homme de la Bible, Dieu ne crée l’histoire en soi. En créant l’univers et en appelant le genre humain à l’existence, Dieu suscite en même temps une histoire du Salut (Ps 136, 93-99). En acclamant le Dieu qui a fait le ciel et la terre, l’homme est appelé à la louange et à confesser sa foi au Seigneur, Maître du ciel et de la terre qui est le Créateur et le Garant sûr de son Histoire et de son Salut.
Espérance en la vie
La résurrection de Jésus manifeste qu’après la mort il existe un monde à venir. En fait, la résurrection, à la fois, affirme et nie la réalité de la mort du néant. La mort comme possibilité est relative car il existe une vie, la vie en sa source est capable d’engloutir, d’anéantir la mort. Et cette vie, c’est le Seigneur Dieu qui a fait sortir Jésus de la mort et le fait entrer dans la vie en plénitude qu’il constitue, vie définitivement victorieuse de la mort.
Frère Lucas Onana op
Fresque du climat
Les évènements liés à la crise climatique impactent tous notre quotidien. Nous prenons conscience que chaque geste de notre vie compte et nous rappelle l’importance de faire attention à ce que nous consommons, comment nous nous déplaçons, comment nous nous chauffons. L’été dernier particulièrement chaud nous a tous alertés sur le changement irrémédiable que nous vivons.
Ne vous êtes-vous jamais interrogés sur votre connaissance des mécanismes qui affectent notre climat ?
Le groupe Laudato Si de la Mission a voulu s’appuyer sur les éléments scientifiques pour mieux comprendre ces mécanismes et tester ensemble nos connaissances de ce défi climatique mondial.
Nous nous sommes aidés pour cela de la célèbre fresque du climat, développée par une association qui a pour mission d’éduquer et de sensibiliser tous les publics aux enjeux climatiques. Plus de 680 000 participants ont déjà participé à ce jeu éducatif qui est devenu un outil de référence pour passer à l’action devant le défi climatique.
Le matériel de réflexion proposé est tiré d’une base scientifique sérieuse et des rapports rédigés par le GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont les conclusions sont prises en compte ou non par les décideurs politiques du monde entier.
Nous avons constitué deux équipes de six personnes, chacune ayant pour objectif de réaliser sa fresque du climat en ordonnant l’ensemble des liens de cause à effet, puis en faisant un travail artistique consistant à les lier.
Nous nous sommes rendu compte qu’individuellement, il nous manquait des pièces du puzzle car nous n’avons pas tous le même socle de formation ou de compréhension des enjeux climatiques. Collectivement en revanche, en nous posant les bonnes questions et en échangeant, nous avons été capables de lier ensemble tous les éléments de la fresque. Fiers de notre travail de collaboration, cela nous a également permis de mesurer l’impact négatif de certaines activités humaines sur la biodiversité et les hommes.
Que sommes-nous donc appelés à faire individuellement et collectivement et comment passer à l’action ?
Le groupe Laudato Si continue de se rencontrer mensuellement pour prier, comprendre et agir à l’échelle de notre communauté. Si vous souhaitez vous joindre à nous, n’hésitez pas à passer le seuil de la mission, vous serez le bienvenu.
Les éléments de la fresque sont disponibles en ligne pour les adultes ou les plus jeunes (https://fresqueduclimat.org). C’est sans aucun doute une bonne idée pour passer du temps en famille et rendre grâce pour la Création.
Guillaume Fabvier pour Laudato Sì Circle
Photos: Vatican /Ph. de Beauregard
Accueil et présentation du nouveau vicaire
Le 26 juin dernier lors de la messe d’action de grâce, nous avons eu la grande joie d’accueillir frère Lucas Onana op comme nouveau vicaire de notre paroisse, la Sainte-Famille. Pour l’occasion deux vicaires « émérites » étaient présents à ses côtés : frère Viktor Hofstetter op et frère Pierre Martin de Marolles op. Merci au frère Lucas pour sa disponibilité et sa générosité à rendre ce beau service pour la vie de notre communauté. Je le confie à votre prière et à votre bienveillance. Il se présente à vous…
frère Didier Boillat, op
Je suis le frère Lucas Onana, d’origine camerounaise. Né le 9 novembre 1982 à Nlong-Onambélé, petite bourgade située au Cameroun dans la Région du Centre, et sixième d’une fratrie de six (trois sœurs et deux frères).
Engagement dans la vie religieuse
Après un temps de discernement dans le groupe des postulants dominicains, j’ai senti le désir profond d’avancer au large et de me consacrer au Seigneur dans la vie religieuse. C’est ainsi qu’en septembre 2006, je suis entré au noviciat au couvent saint Dominique de Cotonou (Benin). Un an plus tard, le 8 septembre 2007, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie, je faisais ma Première Profession. Après un temps de formation (en philosophie et théologie) à l’université Catholique d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire), j’étais admis à la profession solennelle le 31 juillet 2011.
Toujours dans cette longue marche à la suite de Jésus, j’ai été appelé aux ordres et ordonné prêtre le 15 septembre 2013, mémoire liturgique de Notre Dame des Douleurs. J’ai choisi comme parole de vie une phrase de saint Irénée de Lyon : « La gloire de Dieu, c’est l’homme debout ».
Servir au quotidien
Il ne faut pas l’oublier : nous sommes appelés pour vivre, témoigner et pour être envoyés là où Dieu nous veut. Après mon ordination presbytérale, comme frère dominicain, j’ai reçu la mission première d’étudier car, la formation de l’intelligence de la foi est plus que jamais nécessaire dans le monde actuel. C’est ainsi que j’ai dû faire une licence canonique à l’université catholique de Yaoundé. Entre autre, il m’a été confié la charge de la promotion des vocations, de l’aumônerie des Équipes du Rosaire du Cameroun, tout en rendant un service à temps partiel à l’aumônerie des jeunes de Yaoundé.
Pastorale auprès des étudiants : Aumônier des étudiants
Saint Dominique envoyait ses frères étudier, prêcher et fonder des couvents. En tant que frère dominicain, il est important pour moi, de méditer, laisser résonner la Parole de Dieu et de s’en faire le témoin. C’est certainement pourquoi en septembre 2017, après quatre années passées à Yaoundé dans notre couvent qui abrite le « studentat » du vicariat d’Afrique équatoriale, lieu où sont formés nos jeunes frères, j’ai été envoyé vers une autre mission. Sur proposition du Prieur Provincial de l’époque, frère Michel Lachenaud, op, j’ai reçu la charge de l’aumônerie des étudiants de Brazzaville en République du Congo, confiée aux Frères Dominicains du Vicariat provincial d’Afrique Équatoriale de la Province dominicaine de France. Il faut préciser que l’aumônerie universitaire est un service spécifique de l’Église où se fait un ministère auprès des étudiants et universitaires à travers l’accompagnement constant.
La mission consistait à aider les jeunes étudiants à déployer ou découvrir la vie chrétienne. Ce ministère, au cœur de ce pays qui a une densité de jeunes, avait pour but de procurer une assistance spirituelle, intellectuelle et matérielle aux étudiants et universitaires suivant l’enseignement de l’Eglise Catholique, sans distinction d’origine, de confession ou de culture. Il est important de former et d’être aux côtés de notre jeunesse, avenir de l’Eglise et de la société en mouvement.
Responsabilité de la Paroisse Université
En septembre 2020, pour obéir à un « besoin » purement pastoral, la paroisse universitaire de Brazzaville a été érigée et confiée aux Dominicains par l’archevêque de Brazzaville. J’ai eu la joie et le bonheur de travailler dans cette jeune paroisse en rencontrant et en étant au quotidien avec les jeunes, les étudiants et les autres fidèles. Partager sa foi et annoncer Jésus Christ malgré les difficultés n’est pas un fleuve tranquille. Le Seigneur lui-même nous assure de sa présence.
Mission Catholique de Langue Française
Aujourd’hui, je suis à Zurich dans la merveilleuse communauté des Frères Dominicains. J’ai également la mission comme vicaire paroissial de la paroisse de la Sainte-Famille d’assister le frère Didier Boillat op, le curé aux multiples qualités qui m’a accueilli très fraternellement. Ma mission est d’être un témoin du Christ, et surtout de dire à mes frères et sœurs vers qui le Seigneur m’envoie que Dieu est vivant et qu’il est Amour.
frère Lucas Onana, op
Chanter en choeur: une invitation
Réunir la communauté et louer le Seigneur ensemble, voilà ce qui anime le chœur Laudate. Que nous soyons professionnels ou amateurs, l’essentiel est de nous rassembler dans la joie.
Pas d’excuse sous prétexte de ne pas chanter juste, simplement donner un peu de son temps et recevoir beaucoup des autres et de Dieu !
Alors n’hésitez plus à franchir le pas : nous vous accueillons les bras ouverts. Nous chantons sous la direction de Nathalie Hutzli une fois par trimestre lors des messes dominicales de 11h. Les répétitions qui précèdent se déroulent dans les salles de la Mission et elles se terminent sur une note sucrée très appréciable.
Nous vous attendons très volontiers pour faire votre connaissance !
Le choeur Laudate
Être bénévole, se mettre au service de l’Eglise
Chers paroissiens, chères paroissiennes,
La Mission est une paroisse vivante où il se passe beaucoup de choses. La mise en place et la réalisation de toutes ses activités, en particulier les messes dominicales et le catéchisme reposent sur la bonne volonté de nombreuses personnes qui agissent « dans l’ombre ». J’aimerais remercier du fond du cœur tous ces bénévoles qui œuvrent pour la paroisse et qui contribuent à la bonne marche de la Mission.
Le propre de l’identité chrétienne est de partager les dons reçus de Dieu. Tout baptisé est donc invité à prendre part à la vie de l’Église de manière active, à devenir acteur de la mission de l’Église.
Chacun d’entre nous a un « don », quelque chose qu’il sait, aime ou aimerait faire. La Mission a besoin de vos dons, aussi variés soient-ils, et même de ceux qui sont encore cachés.
Voici quelques domaines dans lesquels vous pourriez laisser libre cours à votre créativité :
– le chant (chantre ou choriste),
– la parole (lecteur liturgique),
– l’accueil (avant et après les messes)
– le sens de la beauté (décoration florale),
– l’empathie (accompagnement de personnes âgées)
– la transmission de la foi (éveil à la foi, partage d’évangile, caté),
– le jeu avec les petits (garderie).
Comme le dit le proverbe : « Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières ». Alors lancez-vous, osez devenir l’un de ces petits ruisseaux ! N’ayez pas peur, nous serons là pour vous guider, vous encourager, vous aider à découvrir quel est le talent qui vous permettra de vous mettre, à votre échelle, au service de l’Église.
Laurence von Schulthess pour le CPP
Le sacrement des malades
« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. » L’onction des malades a été instaurée par Jésus quand il a envoyé ses Apôtres en mission : « …et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux infirmes et les guérissaient. » (Mc 6, 13)
Ce sacrement est donné à tous ceux qui, atteints dans leur santé par la maladie ou la vieillesse le demandent. Il s’adresse à tout croyant confronté à l’épreuve d’une maladie grave, à la proximité d’une intervention chirurgicale risquée ou à l’expérience de la vieillesse quand les forces diminuent, à tous ceux qui traversent une étape marquée par une grande fragilité physique ou morale.
Par le sacrement des malades, le chrétien reçoit la force de supporter son épreuve et l’assurance qu’il la vit en proximité avec le Christ. Recevoir un sacrement, c’est accueillir librement Jésus-Christ qui agit en nous avec notre participation.
Ayez confiance et laissez-le vous aider, quelle que soit votre peine !
Laurence von Schulthess
Se confesser?
Les confessionnaux sont pleins de pots de fleurs … Est-ce que cela signifie qu’il est impossible de se confesser à la Mission ? Loin de là ! Il ne se passe pas une semaine sans que le frère Didier Boillat et moi-même recevions des personnes désireuses de recevoir ce sacrement.
Alors comment fait-on pour se confesser ? On prend rendez-vous tout simplement ! Un mail aux frères ou un coup de fil à la Mission suffisent. Cela demande un petit effort, mais cette démarche ne fait-elle pas intégralement partie de la démarche de pardon? Je veux dire, quand vous voulez vous réconcilier avec un ami, le pas le plus important n’est-il pas le moment où vous composez son numéro en réfléchissant à la manière de lui demander pardon lorsqu’il décrochera ?
Bon d’accord, mais est-ce qu’on est vraiment obligé de se confesser ? L’Église demande que les croyants se confessent au moins une fois par an (avant Pâques) ou à chaque fois qu’ils ont un péché grave sur la conscience. Mais n’est-ce pas un peu triste de penser ainsi en termes de minimum ? Si votre enfant, devenu adolescent, avec qui les rapports sont conflictuels, vous annonçait qu’il se contenterait de venir vous parler une fois par an ou lorsqu’il aurait besoin d’argent, ne seriez-vous pas profondément peiné ? Cela ne veut pas dire qu’il faut se confesser tous les jours ni toutes les semaines, mais peut-être plutôt 7 fois par an qu’une seule.
Comment cela se passe une confession ? C’est tout simple ! On pourrait la résumer en 7 étapes :
(1) Examen de conscience : Avant de rencontrer le prêtre, je me prépare à la confession en me demandant ce qui dans ma vie me sépare de Dieu. Je peux m’aider avec des textes ou des listes.
(2) Se présenter au prêtre : Le prêtre va m’accueillir (généralement avec un signe de croix et une prière) ; ensuite c’est à moi ! Avant la confession des péchés, je peux donner au prêtre quelques éléments de contexte. Mon état de vie, où j’en suis avec Dieu, depuis combien de temps je ne me suis pas confesser, etc. Il faut cependant résister à la tentation de raconter sa vie !
(3) Confession des péchés : Je dis simplement mes péchés. Attention ! Une tentation à laquelle on n’a pas cédé ou un trait de caractère (être impatient, paresseux, colérique, …) ne sont pas des péchés. J’essaie donc de décrire des actes concrets que je regrette d’avoir commis.
(4) Accompagnement et pénitence : Le prêtre peut avoir quelques paroles pour m’éclairer sur la manière de ne plus retomber dans ces péchés ou plus souvent encore pour ne pas me laisser désespérer par eux. Puis il me propose une bonne action concrète à faire pour réparer le mal que j’ai fait. C’est ce qu’on appelle la « pénitence ».
(5) Acte de contrition : Je dis une prière qui exprime mon repentir et mon désir de mieux faire. Je peux le faire avec mes mots mais une prière toute faite existe si je ne me sens pas d’inventer : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de t’avoir offensé, car tu es infiniment bon et que le péché te déplait. Je prends la ferme résolution, avec le secours de ta sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence ».
(6) Absolution : Le prêtre étend la main sur moi et, après une courte prière, me bénit en disant « je te pardonne tous tes péchés ». Ce n’est évidemment pas en son nom propre qu’il parle à ce moment-là, mais au nom du Christ. Pendant qu’il me bénit, je trace sur moi le signe de la croix et je réponds « amen » signe que je crois au pardon qui vient de m’être donné.
(7) Accomplir la pénitence : Dans l’élan de ce torrent de Miséricorde que je viens de recevoir, je n’oublie pas de réaliser la pénitence que j’ai acceptée de faire.
Le mot « confession » signifie à la fois l’aveu de ses péchés mais aussi la « confession de foi » en un Dieu Père, qui nous aime et attend patiemment sur le pas de la porte notre retour (voir la parabole du fils prodigue Lc 15, 11-32), comment résister à l’envie de nous jeter dans ses bras ?
Fr. Pierre de Marolles
Neufs manières de prier de St Dominique
I. Dominique est très profondément ému par Dieu. Dans les différentes formes corporelles de salutation, il exprime l’attitude de la créature vis-à-vis de son Créateur et reconnaît sa dépendance envers lui. Quand il s’incline profondément et adore, il s’émerveille de l’amour de Dieu et éprouve son immensité. Sous l’impulsion de cet amour, il se détache pour s’abandonner entièrement en Dieu. Ainsi il découvre le contact intime, familier avec Dieu son Créateur dans son être profond et devient totalement perméable au divin et totalement disponible pour le plan de salut de Dieu.
II. Dominique est étendu de tout son long sur la terre, puisqu’il a été formé de la terre et appartient à la terre. Il le sait, il est poussière, mais aimé de Dieu pour que la poussière puisse aimer Dieu. Il se livre à Dieu sans rechercher un but. Cela le rend ouvert et docile au Saint Esprit. Celui-ci le conduit vers la Vérité, parce que Dominique était humble. A cause de cela, il peut être réaliste, sans illusions et capable de don de soi. Ce n’est pas lui qu’il prend comme mesure, il la fixe dans l’Absolu auquel il se confie entièrement dans sa faiblesse. Dans la confiance en Dieu l’Absolu, il appelle à haute voix, il pleure et prie pour ses frères, pour les maux de l’Église, pour les malheurs du monde.
III. La flagellation est une singulière – et pour nous une étrange – attitude de prière. Par ce geste, Dominique se montre solidaire de Jésus souffrant. Il essaye comme Paul « de porter en son corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans son corps » (2 Co 4, 10). Il comprend cette prière comme une offrande à Dieu par laquelle il prend part lui aussi à l’extrême souffrance du Christ qui expie les péchés, comme une participation à l’œuvre expiatrice du Christ « qui fut envoyé pour l’expiation du péché, pour condamner le péché dans sa chair » (Rm 8,3). Par ce geste, Dominique s’approche de Dieu et se sent responsable pour les souffrances des âmes de ses frères et de ses sœurs. Il essaye d’imiter l’amour de Dieu fait homme pour les hommes.
IV. Dominique se tient debout devant Dieu et coupe cette station de génuflexions. Il se tient avec respect devant Dieu prêt à l’écoute ou au départ. Il sent sous ses pieds un sol ferme qui le porte. Cela le remplit de confiance et le motive pour un nouveau départ. Par les génuflexions, il entre dans le mouvement intérieur du don de soi ; l’écoute se change en obéissance. Le regard de Dominique est fermement fixé sur le Crucifié. Par là, il reçoit le réconfort et le calme. Dans la contemplation Dominique peut alors d’un regard seulement montrer l’essentiel ; il n’a pas besoin de beaucoup de paroles pour agir.
V. Dominique ne prie pas seulement avec tout son corps, mais souvent aussi avec ses mains seules. Ses mains sont le miroir de son âme, l’instrument de son esprit et de sa parole. Il ouvre les mains, renonce à son action et se remet entièrement à l’Absolu. Il vit sa vie comme un don, à cause de cela il peut se défaire de lui-même et se laisser prendre, il peut placer ses mains jointes dans la main de Dieu et de cette manière déclarer sa dépendance vis-à-vis de lui. Il joint les mains et remercie. Dieu peut alors par ses mains soutenir les faibles, partager le Pain, guérir et bénir.
VI. Les bras étendus Dominique prie devant la Croix. Dans la Croix, il contemple les con-séquences de l’amour de Dieu pour lui et en tire les conséquences pour sa vie. Il se tient là, vacant, vulnérable, indigent, prêt, comme le Christ en croix à répandre et susciter l’amour. Par sa solidarité avec le Crucifié naît en lui le désir ardent de prolonger les bras de la Croix, afin d’embrasser et de guérir le monde entier. Sous la Croix commence la vaste communication entre Dieu et lui, elle fait de Dominique un pont où ont lieu les rencontres avec les autres.
VII. Dominique se tend de toute sa taille vers le ciel. Ses mains sont élevées au-dessus de sa tête, fermement jointes ou légèrement ouvertes, comme s’il voulait recevoir quelque chose du ciel. Sa prière l’élève vers Dieu, il n’essaye pas d’attirer Dieu à lui. Il se tend vers le don de Dieu, vers l’offre de son Royaume, offre qui se situe infiniment au-dessus de son action, mais qui est présente en lui et donne sens à son action. Il sait que cela ne relève pas du succès ou de l’échec ; cela s’épanouit dans l’amour. A cause de cela, il prie que Dieu veuille lui donner un véritable amour pour qu’il puisse œuvrer au salut des hommes.
VIII. Dominique est assis devant Dieu en silence. Dieu entend son silence, voit son sourire et ses larmes. Cela, les hommes ne le peuvent pas. Dans le silence, Dominique écoute la Parole de Dieu et son silence nourrit sa parole. Silence et Parole sont pour lui frère et sœur qui portent mutuellement le fardeau. Dominique écoute et se tait pour que sa parole puisse devenir délicate et guérir. Dans l’écoute et le silence, il vient vers la lumière, pour que cette lumière s’embrase dans l’obscurité des chemins humains. Dans le silence, il supporte le silence de Dieu et apprend le silence de l’amour qui porte son silence et sa parole.
IX. Depuis son départ du couvent des chanoines d’Osma, Dominique est constamment en chemin. Ses voyages innombrables sont mouvements à travers l’espace et le temps, un signe qu’il n’est pas fixé, ni installé, qu’il est sur le chemin de Jésus-Christ. Comme le chemin de Jésus, ainsi est le chemin de Dominique, associé au renoncement et à l’abandon. Sa foi et son zèle pour le salut des hommes le conduisent sur le chemin qu’est le Christ. En chemin il fait l’expérience de la communion des frères, mais de nouveau se sépare d’eux pour éprouver dans la prière une plus grande intimité avec Dieu. Ainsi il peut donner au prochain un renseignement sur le droit chemin, lui montre la direction et s’unir à lui de façon encore plus intense à faire de même.
Fr. Franz Müller, op (1951-2012)
Je veux comprendre
Rêve ou réalité?
Ça c’est tout moi. Quand je vois, j’entends quelque chose, je veux comprendre.
Alors une fois, même deux, voire même trois fois, je demande, je fais répéter, confirmer ; je m’assure, me rassure.
Je veux comprendre.
Est-ce pour m’affirmer, pour me réconforter ?
Est-ce pour que l’on m’entende ?
Et que l’on me comprenne… moi ?
Égoïsme ?
Devant les évènements, ce que chacun de nous à sa façon et dans tout son être, vit aujourd’hui au quotidien, je relativise. Je prends le temps. Je remets mes idées, mes pensées en place. Mes questionnements sont d’autant plus présents et nombreux. Mais qu’importe !
Je veux aider, être là pour les autres, pour l’Autre. Je bouge, je me bouge et prends des contacts, demande des nouvelles et offre, sans compter.
Il aura fallu ce petit bout de rien du tout, invisible à mes yeux, pour faire changer mon quotidien. Je prends la liberté, d’autres libertés. Je lâche prise et remets tout dans les mains de Celui qui guide mes pas et me conduit. J’accepte de tout donner sans retour et sais maintenant que cela est possible.
Ça y est : j’ai compris !
Miracle de la vie !
Sandrine Carme
La communion à la coupe
A la Mission, il est possible de recevoir la communion au corps mais aussi au sang du Seigneur. Comme cette pratique est plutôt rare dans les paroisses, cela en étonne plus d’un.
Et pourtant, ne devrions-nous pas plutôt être étonnés au contraire qu’il y ait si peu d’endroit où il est proposé aux fidèles de communier à la « coupe du Salut » !? Après tout, Jésus n’a pas seulement dit « prenez et mangez ceci est mon corps » en tendant le pain. Mais encore en donnant la coupe : « prenez et buvez, voici mon sang versé pour vous et la multitude » !
Il est vrai que la foi des chrétiens a toujours tenu qu’une seule des deux « espèces », le pain ou le vin, suffisait. Mais pourquoi se contenter du minimum vital lorsque Jésus nous offre toute sa personne : son corps et son sang.
Et attention ! Le « sang » à l’époque de Jésus cela signifie plus qu’un peu de liquide rouge qui perle à mon doigt quand je me pique. Le sang qui circule et vivifie le corps était pour les anciens la vie même. Le sang symbolise ainsi un aspect plus dynamique de la vie que le corps seul. D’où d’ailleurs son lien privilégié avec le vin qui « réjouit le cœur de l’homme » (Ps 103).
Communier au sang du Christ, en plus de se nourrir de son corps, c’est donc se laisser entrainer dans le mouvement joyeux et vivifiant de la vie divine !
« Alors pourquoi ne le fait-on pas partout ? », me direz-vous. C’est une bonne question.
D’abord certains peuvent avoir vaguement l’impression que la communion à la coupe est interdite aux laïcs et réservée aux prêtres. Cette idée vient du fait que la communion au sang fut en effet réservée au ministre seul par le concile de Trente au XVIe siècle. Mais la raison de cette interdiction, c’était de s’opposer aux protestants qui communient sous les deux espèces (à la même époque, on interdisait la lecture privée de la Bible pour la même raison).
Heureusement l’Église ne pouvait pas se priver longtemps d’une chose aussi belle et essentielle sous prétexte que « cela fait protestant » ! Le concile Vatican II finira donc par lever cette interdiction.
Reste les questions pratiques et hygiéniques qui sont souvent la véritable raison pour laquelle si peu de paroisses offrent la possibilité de communier à la coupe. C’est vrai qu’il est plus difficile de doser le vin dont ne pourra réserver le surplus une fois consacré. C’est vrai, qu’en période d’épidémie, l’on risque la contamination si l’on boit tous à la même coupe. C’est vrai surtout que le risque de renverser un peu du précieux sang est réel.
Mais ces difficultés sont-elles vraiment insurmontables ? Ne serait-il pas envisageable, au prix de quelques efforts pour la communauté, de rendre cela possible ? Accepter que parfois, il n’y aura pas assez de vin consacré ; avoir confiance que ceux qui sont malades s’abstiendront ; prendre le plus grand soin lorsque nous communions à la coupe (surtout par intinction), etc.
Devant la chance immense que représente la possibilité de communier non seulement au corps mais encore au sang du Christ, chacun restera libre de s’avancer ou de passer en s’inclinant respectueusement, mais tous pourront se réjouir de cette coupe qui leur présente le sang très saint jailli du cœur du Christ pour la vie du monde !
Fr. Pierre de Marolles
Je suis vivante…
Parfois, lorsque j’ouvre les yeux, je ne sais pas…
Que va-t-il se passer aujourd’hui ?
Un nouveau jour, une nouvelle vie…
Le quotidien prend place.
Chaque déplacement, chaque mouvement, chaque bruit est vie !
Et moi, dans tout ça ? Où suis-je ?
En équilibre…
Parfois, je suis triste, sans énergie comme paralysée. La mort ?
Parfois, je suis surprise, voire étonnée par mes réactions :
brusques, même éclatantes et tellement pleine d’énergie. La vie !
Joie que Tu sois là, à mes côtés, avec moi, pour moi.
Reconnaissance.
Sandrine Carme
Le Notre-Père
« Ne nous laisse pas entrer en tentation » : traduire sans trahir
Depuis le début de l’Avent 2017, la traduction du Notre-Père a changé. Pas de panique toutefois, la différence tient à trois mots : nous ne disons plus « ne nous soumet pas à la tentation » mais « ne nous laisse pas entrer en tentation ». La différence entre ces deux traductions saute aux yeux : la version à laquelle nous étions habitués laissait entendre que Dieu serait la source de la tentation, la nouvelle dissipe cette fausse image de Dieu.
En effet, saint Jacques le dit clairement : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : Ma tentation vient de Dieu. Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. » (Jc 1, 13). Il est vrai, cependant, que Dieu aurait le pouvoir de faire disparaître de nous toutes tentations et que visiblement Il ne le fait pas … Mais saint Paul explique : « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » (1 Co 10, 13).
Ainsi la nouvelle traduction « ne nous laisse pas entrer en tentation » prend tout son sens : le Seigneur ne veut pas éloigner de nous la tentation, car Il nous veut libres, mais nous Lui demandons la force de ne pas y succomber.
Ce changement est pour nous l’occasion de nous rappeler que même « la prière que le Sauveur nous a transmise » n’est pas tombée directement du ciel ! Car qui dit « nouvelle traduction » dit « traduction ».
En effet, le « Notre Père » nous a été transmis en grec (et non pas en latin comme beaucoup de catholiques le pensent) par l’Evangile de Matthieu. Or il est plus que probable que Jésus ait prononcé cette prière dans sa langue, c’est à dire en araméen (un « patois » de l’hébreu). Nous n’avons donc pas accès à la version originale, mais seulement à la tentative de traduction dans ce qui était « l’anglais » de l’époque, à savoir en grec.
Réaliser cela, c’est réaliser d’abord que le mystère de Dieu nous dépasse toujours et que nos mots ont du mal à le rendre fidèlement. Mais c’est aussi et surtout réaliser que chaque génération doit faire son propre effort pour redire au présent l’amour éternel du Père sans repli dans un passé figé, ni fuite dans une course à la nouveauté.
Fr. Pierre de Marolles op